Cheval des Marquises

Cheval des Marquises à Hiva Oa. - CC BY-SA 3.0  - Photo : Remi Jouan
Cheval des Marquises à Hiva Oa. - CC BY-SA 3.0 - Photo : Remi Jouan Source

Caractéristiques générales

Région d’origine

Continent : Océanie Pays : Polynésie Française

Mensurations

Poids : 400 – 500 kg

Taille : 140 – 145 cm

Robes

  • Alezan : Poils fauves à rouges, crins assortis mais sans noir.
  • Noir : Poils et crins entièrement noirs, peau sombre.
  • Bai : Corps fauve, crins noirs, extrémités souvent noires.
  • Gris : Il naît sombre, s’éclaircit avec le temps jusqu’à devenir gris puis blanc.
  • Isabelle / Dun : Corps délavé jaunâtre, crins foncés, présence de raie de mulet et zébrures.

Disciplines et aptitudes

  • Attelage : Tir de véhicules (voiture, chariot) par un ou plusieurs chevaux.
  • Randonnée : Balade à cheval sur chemins ou en pleine nature.
  • Travail du bétail : Conduite et tri du bétail, souvent à l'extérieur.
  • Spectacle équestre : Utilisation pour des shows ou représentations artistiques.
  • Trait : Travail de traction agricole ou forestier.
  • Loisir

Galerie

Tête d'un cheval des Marquises. - CC BY-SA 3.0 - Photo : Sémhur
Tête d'un cheval des Marquises. - CC BY-SA 3.0 - Photo : Sémhur Source
Un habitant de Fatu Hiva, montant un cheval des Marquises, part à la chasse avec sa meute. - CC BY-SA 3.0 - Photo : Sémhur
Un habitant de Fatu Hiva, montant un cheval des Marquises, part à la chasse avec sa meute. - CC BY-SA 3.0 - Photo : Sémhur Source
Un cheval d'Uha Huka - CC BY-SA 3.0 - Photo : Remi Jouan
Un cheval d'Uha Huka - CC BY-SA 3.0 - Photo : Remi Jouan Source

Stud-book

Nom : Pas de stud book - Race Sauvage

Origine

Le Cheval des Marquises est une population équine endémique de la Polynésie française, implantée dans l’archipel des Marquises.


Deux grandes hypothèses expliquent son arrivée :

  • Fin du XVIᵉ siècle : en 1595, l’Espagnol Álvaro de Mendaña aurait introduit des chevaux lors de son passage. Une partie de ces animaux, abandonnés en quittant les îles, se serait acclimatée et reproduite à l’état sauvage.
  • XIXᵉ siècle : vers 1840, l’amiral français Abel Bergasse du Petit-Thouars aurait offert des chevaux chiliens au chef Iotete. Cette introduction initiale fut renforcée ensuite par de nouvelles importations, notamment par les missionnaires tels que Mgr Dordillon, favorisant l’implantation durable de la race.


Ainsi, le Cheval des Marquises pourrait être issu soit d’un lâcher ancien (XVIᵉ siècle), soit d’importations confirmées au XIXᵉ siècle, voire d’une combinaison des deux. Adaptés aux reliefs montagneux et aux conditions de vie exigeantes des îles, ces chevaux ont développé une robustesse naturelle et un tempérament doux, devenant une composante importante du patrimoine local.

Importance génétique

Le Cheval des Marquises possède une valeur génétique particulière en raison de son isolement insulaire et de son adaptation unique au milieu marquisien.


Patrimoine génétique rare :

Issu de croisements anciens, probablement entre des chevaux ibériques (andalous ou chiliens) et quelques apports ultérieurs, il a évolué en vase clos.


L’isolement géographique des Marquises a entraîné une sélection naturelle stricte, favorisant :

  • la rusticité,
  • une bonne résistance aux maladies,
  • la capacité à exploiter une végétation pauvre.


Cette évolution a permis de conserver certains traits d’origine tout en développant des caractéristiques propres à l’archipel.


Adaptation au milieu :

Évoluant sur des reliefs accidentés et dans un climat tropical humide à saison sèche, le Cheval des Marquises a développé :

  • une robustesse musculaire et osseuse malgré une taille modeste,
  • une grande sobriété alimentaire,
  • une résilience génétique qui en fait un atout pour des programmes de conservation ou de croisement visant la rusticité.


Valeur pour la conservation :

Cette population reste menacée par la réduction de ses effectifs et les croisements non contrôlés avec des chevaux importés. Son pool génétique constitue néanmoins une réserve précieuse de gènes d’adaptation insulaire, utile à la préservation d’autres races dans des environnements tropicaux exigeants.


Risque de dérive génétique :

La faible taille de population entraîne un risque accru de consanguinité. La pérennisation du Cheval des Marquises nécessiterait la mise en place d’un stud-book officiel et d’un plan d’élevage concerté, encore absents à ce jour.

Morphologie & traits physiques

Icône Encolure

ENCOLURE

Moyenne, bien sortie, plutôt fine, mais musclée.
Icône Sabot

SABOT

Petits, mais durs.
Icône Tête

TÊTE

Profil rectiligne ou légèrement convexe, front large.
Icône Oreilles

OREILLES

Petites à moyennes, mobiles.
Icône Yeux

YEUX

Grands et expressifs.
Icône Corps

CORPS

Cage thoracique profonde.
Icône Poitrail

POITRAIL

Poitrail assez large.
Icône Garrot

GARROT

Peu saillant.
Icône Dos

DOS

Dos court et solide.
Icône Rein

REIN

Court et fort.
Icône Croupe

CROUPE

Légèrement inclinée, musclée.
Icône Membres antérieurs

MEMBRES ANTÉRIEURS

Secs et solides, canons courts.
Icône Membres postérieurs

MEMBRES POSTÉRIEURS

Secs et solides, canons courts.
Icône Articulations

ARTICULATIONS

Articulations marquées.
Icône Silhouette globale

SILHOUETTE GLOBALE

Compacte, harmonieuse et musclée.

Histoire

Le Cheval des Marquises est l’une des rares populations équines insulaires du Pacifique. Son histoire singulière mêle légendes locales, explorations maritimes et échanges culturels.


Les premières introductions (XVIᵉ siècle – hypothèse espagnole) :

Selon certaines sources, les premiers chevaux auraient été introduits en 1595 par l’expédition espagnole d’Álvaro de Mendaña, partie du Pérou vers les îles Salomon. Une partie de ses chevaux, d’ascendance ibérique (probablement andalouse), aurait été abandonnée ou relâchée aux Marquises. Livrés à eux-mêmes, ces chevaux se seraient adaptés aux conditions locales, donnant naissance à une petite population semi-sauvage.


Importations confirmées (XIXᵉ siècle – origine chilienne) :

La première introduction bien documentée remonte aux années 1840 : l’amiral Abel Bergasse du Petit-Thouars, commandant la flotte française du Pacifique, offrit plusieurs chevaux chiliens au chef marquisien Iotete sur l’île de Nuku Hiva. Ces chevaux, issus des lignées criollos chiliennes (elles-mêmes d’origine espagnole), étaient réputés pour leur endurance et leur résistance. À la fin du XIXᵉ siècle, les missionnaires, notamment Mgr Dordillon, consolidèrent cette implantation par de nouvelles importations.


Établissement et adaptation locale :

Lâchés en liberté, les chevaux se sont reproduits naturellement dans les vallées et les plateaux des principales îles habitées (Nuku Hiva, Hiva Oa, Ua Pou, Ua Huka). L’isolement géographique a favorisé une sélection naturelle rigoureuse, donnant un cheval de taille moyenne, robuste, agile et parfaitement adapté au relief accidenté.


Traditionnellement, le Cheval des Marquises servait à :

  • transporter personnes et marchandises entre les vallées,
  • travailler dans les activités agricoles et l’élevage bovin,
  • participer aux festivités locales, notamment aux courses et rassemblements.


Évolutions récentes :

Au XXᵉ siècle, l’arrivée de la motorisation a réduit l’usage utilitaire du cheval, entraînant un déclin des effectifs. Des croisements ponctuels avec des chevaux importés ont commencé à diluer les caractéristiques originelles de la population.


Aujourd’hui, bien que ses effectifs soient réduits, le Cheval des Marquises subsiste encore, vivant souvent en semi-liberté. Il demeure un symbole culturel fort pour les habitants de l’archipel et un élément emblématique du patrimoine équin polynésien.

Comportement & caractère

Le Cheval des Marquises a développé, au fil des générations et de son isolement insulaire, un tempérament qui reflète à la fois sa rusticité et son étroite relation avec l’homme dans un environnement exigeant.


Tempérament général :

  • Doux et sociable : habitué au contact humain, surtout dans les zones où il est encore utilisé pour le travail ou les déplacements.
  • Intelligent et observateur : apprend vite à reconnaître les itinéraires et à s’adapter à la topographie complexe des vallées marquisiennes.
  • Rustique et autonome : les chevaux vivant en semi-liberté développent un fort sens de l’orientation et savent trouver leur nourriture dans des milieux pauvres.


Comportement en liberté :

Les chevaux en semi-liberté conservent une forte hiérarchie sociale au sein du troupeau, avec des groupes familiaux stables.

Capables de se déplacer sur des pentes abruptes et des sentiers étroits avec une grande sûreté de pied.

Instinct de méfiance envers les étrangers dans les zones reculées, mais rapidement curieux si l’approche est calme.


Avec l’homme :

Calmes et fiables sous la selle, même en terrain difficile. Ils supportent bien le travail prolongé à allure régulière. Peu nerveux, mais peuvent être vifs et endurants lorsqu’ils sont sollicités pour des déplacements rapides.


Particularités comportementales :

Supporte bien les variations climatiques tropicales, même en saison sèche prolongée. Très sobre : s’accommode d’une nourriture réduite, sans perte importante de condition physique.


Bonne mémoire des trajets et points d’eau, ce qui les rend précieux pour les habitants des zones isolées.

Zone d'élevage

Le Cheval des Marquises est élevé exclusivement dans l’archipel des îles Marquises, en Polynésie française. Sa répartition reste concentrée dans certaines vallées et plateaux des principales îles habitées, où les troupeaux vivent en semi-liberté.


  • À Nuku Hiva, on trouve la plus grande population, notamment dans les vallées de Taipivai, Hatiheu et Hakaui. Les chevaux y évoluent souvent en semi-sauvage.
  • À Hiva Oa, ils sont présents dans les vallées d’Atuona et de Hanaiapa, ainsi que sur les hauts plateaux, où ils servent encore au transport et à l’élevage bovin.
  • À Ua Pou, on observe de petits troupeaux, domestiques ou semi-libres, dans les vallées centrales et les zones de pâturage d’altitude.
  • À Ua Huka, surnommée parfois l’île des chevaux, la population est mieux suivie, vivant sur le plateau aride et dans les zones herbeuses, souvent en pâturage libre.
  • À Tahuata, les effectifs restent limités et les chevaux sont surtout utilisés dans les vallées cultivées pour des tâches utilitaires.
  • À Fatu Hiva, la population est très réduite et souvent apparentée, concentrée dans quelques vallées isolées.


Caractéristiques des zones d’élevage :

  • Le relief accidenté, fait de montagnes escarpées et de vallées profondes, impose un cheval agile et endurant.
  • Le climat tropical, alternant saisons humides et sèches, influence directement la disponibilité des pâturages.
  • Le système est souvent semi-libre : une partie des chevaux vit en liberté, les éleveurs les rassemblant au besoin pour le travail ou la vente.
  • L’utilisation traditionnelle demeure importante, que ce soit pour le transport de charges, les déplacements entre vallées ou la participation aux fêtes locales.

Perspectives futures

Le Cheval des Marquises possède un fort potentiel patrimonial et touristique, mais son avenir dépend de la mise en place de mesures de conservation et de valorisation adaptées.


Atouts pour la pérennité :

  • Valeur patrimoniale et culturelle : véritable symbole de l’histoire coloniale et des échanges maritimes du Pacifique.
  • Adaptation exceptionnelle : grande rusticité, endurance et sûreté de pied en terrain accidenté, des qualités devenues rares dans les races modernes.
  • Attrait touristique : potentiel pour développer des circuits équestres, des randonnées et des événements culturels aux Marquises.
  • Marché de niche : possibilité de positionner la race comme authentique et préservée, à l’image d’autres races insulaires mises en valeur.


Menaces actuelles :

  • Effectifs réduits : entraînant un risque élevé de consanguinité et d’appauvrissement génétique.
  • Croisements incontrôlés : l’introduction de chevaux importés dilue les caractéristiques originelles.
  • Absence de structuration : pas de stud-book officiel reconnu ni de programme de sélection coordonné.
  • Pression foncière : diminution progressive des zones de pâturage libre, liée aux changements d’usage des terres.


Opportunités de développement :

  • Création d’un stud-book et d’une association d’éleveurs, afin d’organiser la sélection et la promotion de la race.
  • Programmes de conservation in situ, soutenus par les institutions locales, la Polynésie française ou des ONG.
  • Valorisation touristique, avec une intégration dans les offres culturelles et écotouristiques de l’archipel.
  • Recherche scientifique, notamment des études génétiques pour préserver la diversité et exploiter ses gènes de rusticité dans d’autres programmes.

Santé

Le Cheval des Marquises est une race particulièrement robuste grâce à des siècles d’adaptation à un environnement insulaire exigeant. Sa santé générale est bonne, mais certaines conditions locales et menaces modernes méritent attention.


Atouts sanitaires :

  • Rusticité exceptionnelle : forte résistance naturelle aux maladies courantes des zones tropicales humides.
  • Adaptation climatique : tolérance élevée à la chaleur et à l’humidité, bonne capacité de thermorégulation.
  • Système immunitaire solide : sélection naturelle favorisant les individus résistants aux infections et aux parasites.
  • Peu de pathologies héréditaires connues grâce à l’absence d’une sélection artificielle intensive.


Vulnérabilités :

  • Risque parasitaire : présence de parasites internes et externes (strongles, tiques, mouches) nécessitant des traitements réguliers chez les chevaux domestiqués.
  • Carences nutritionnelles : possible déficit en minéraux (cuivre, sélénium) dans certaines zones à pâturage pauvre.
  • Problèmes de pieds : terrain rocheux et humide pouvant provoquer des abcès ou une usure irrégulière des sabots, surtout si l’entretien est négligé.


Facteurs de risque récents :

  • Consanguinité : faible population entraînant une réduction de la diversité génétique et un risque accru de fragilité future.
  • Croisements non contrôlés : introduction de maladies ou de fragilités non présentes auparavant.
  • Perte d’habitat : réduction des zones de pâturage pouvant entraîner une alimentation moins équilibrée.


Bonnes pratiques de gestion sanitaire :

Surveillance régulière de l’état corporel et des pieds, surtout en saison humide. Complémentation minérale dans les zones carencées.

Contrôle antiparasitaire raisonné pour éviter la résistance.

Programmes d’élevage visant à préserver la diversité génétique.

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